Douteux.org est un organisme né au tournant du millénaire autour de la passion d’archivage de films. Aussi, la plupart des bénévoles de l’organisme en ont vu en sapristi, des films. Comme le veut la tradition des critiques culturels, une échelle de notation adaptée à notre consommation s’est développée au fil du temps pour prendre cette forme finale que je vais décrire ici. Tout d’abord, l’échelle que l’on utilise se situe au sein de 3 valeurs vers lesquelles on ne peut que tendre, sans jamais pouvoir les atteindre.
Le -10, le zéro et le +10.
Ce qui veut dire que notre échelle donne à tout objet culturel une valeur située entre -10 et +10, et qui ne peut être 0. Pourquoi les 3 valeurs mentionnées plus haut sont impossibles à atteindre? C’est simple: rien n’est parfait. Ça explique pourquoi le -10 et le +10 sont inatteignables puisque le divertissement parfait à valeur de réécoute infinie n'existe pas. Ensuite, aucun être humain ne peut demeurer sans stimulation pendant bien longtemps. Le 0 est l’incarnation de cette absence totale de stimulation. Le mur blanc sans fond sonore. Le caisson de privation sensorielle. Trop de privation sensorielle et on en devient fou.
Quand on consomme de la culture, le but est universel: se divertir; de s’éloigner du 0. Selon notre expérience, on peut être diverti par une oeuvre de la manière que les créateurs du film voulaient qu’on soit diverti. Dans ces cas, on s’éloigne du 0 en allant vers le +10. On peut aussi être diverti en appréciant l’oeuvre d'une manière différente que celle prévue par ceux qui l'ont créé. C’est souvent dans ces cas-là qu’on se retrouve à rire devant des drames de guerre ou des films d’horreur. Dans ces cas, on s’éloigne du 0 en allant vers le -10.
L’important est d’être diverti. Ainsi, la valeur absolue de la note nous semble plus importante que le négatif ou le positif qui lui est assigné. Règle générale, tout ce qui ne s’éloigne pas du zéro de plus de 3, autrement dit, toutes notes entre -3 et +3 vont à une oeuvre qui ne mérite pas d’attention tellement le divertissement est pauvre. Cela dit, il est très encouragé de se forcer à terminer une de ces oeuvres non-stimulante une fois de temps en temps, question de bien explorer l’univers des possibles et de relativiser toutes les autres notes de l’échelle. Selon notre échelle, une note à partir de + ou – 5 est attribuée à une oeuvre qui vaut la peine d’être vu une fois. À partir de + ou – 7, l’oeuvre vaut la peine d’être vue plus d’une fois. Entre nous, on appelle ça une médaille de bronze.
Personnellement, jamais je ne donne une note d’une valeur supérieure à 8 lors de la première écoute. D’ailleurs, 8 se veut la médaille d’argent. Les rares 9 ou mieux sont des médailles d’or. Il arrive de donner des notes façon ” + ou – ”, lorsqu’il est impossible de déterminer l’intention des créateurs de l’oeuvre ou que l’ambiguïté pourrait porter le focus sur autre chose que l’oeuvre elle-même. Aussi, avec plus de 10 000 films derrière la cravate, j’en suis à donner des notes allant jusque dans les centièmes pour ajouter en précision. Un film à -4,56 est moins divertissant qu’un film à -4,87.
Simple!
Finalement, bien que je parle de films depuis le début de cette entrée, pas mal toutes les créations culturelles peuvent cadrer dans cette échelle. J’ai un t-shirt à -9 et y’a des BDs à +9, notamment tout ce que Andreas a fait. Au final, tout ceci est subjectif et ne constitue qu’un cadre au sein duquel les conversations peuvent facilement vivre. N’oubliez pas qu’une oeuvre n’est réellement vivante que lorsqu’elle est discutée et partagée et que c’est le temps et le public qui décide de la valeur d’une oeuvre, non pas le créateur ou le diffuseur.
On en a même fait un petit clip, pour ceux qui préfère se faire dire les vraies choses!
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